« Le jeu le plus moche de la Wii U », « digne de la Nintendo 64 », « je regrette déjà les graphismes de ma bonne vieille Wii ». Ce sont les réactions que l’on a pu lire ici et là après la première démonstration de Star Fox Zero à l’E3 2015. Depuis, les réactions sur cet aspect du jeu fusent bien moins et je vais tenter de vous montrer que Star Fox Zero est la preuve ultime, s’il en fallait encore une, que les graphismes ne font pas tout un jeu même s’ils sont omniprésents.
I) Jean de Lafontaine, sors de ce jeu maintenant !
A) Il était une fois un renard, une grenouille, un lapin et un corbeau
La licence Star Fox, au-delà d’être un meilleur hommage à Star Wars que certains films de Lucas, c’est un vrai zoo. On contrôle un renard qui est accompagné de son meilleur ami la grenouille, sa tête brûlée le corbeau et un vieil ami à son père, un lapinou. Cette troupe nommée Star Fox est dirigée par un chien qui a demandé de l’aide lorsqu'un macaque envahit Corneria avec des robots tueurs (attention, il y a un intrus).
Mais comme tous les héros ont leur Némésis, notre renard est pourchassé par un groupe de chasseurs de primes constitué d’un loup, d’un babouin, d’un caméléon et d’un porc. Allez, arrêtons cette mauvaise fable de Lafontaine et passons aux vraies choses.
B) Un scénario présent mais pas omniprésent
Comme dit dans le paragraphe précédent, Andross (le macaque) veut conquérir l’univers. Et pour y parvenir, ce scientifique fou décide d’envoyer une armada de robots tueurs : des araignées mécaniques, des chevaux de Troie, des chars, des vaisseaux aussi gros que l’Entreprise et tout un tas de missiles pour un bestiaire plutôt fourni et varié. Andross va donc s’attaquer à la base de Corneria, base où il travaillait avec le Général Pepper (le chien) et la première division de Star Fox officiée par le père de Fox McCloud (le renard). On nous explique ensuite que le père de Fox McCloud s’est perdu dans une autre dimension créée par Andross et que pour le « venger » il reconstitue Star Fox avec des personnes de confiance. Notre vaillante petite équipe se rend donc sur Corneria, défonce le comité d’accueil qui l’attend et s’en va courser Andross qui s’attaque à d’autres secteurs de la galaxie.
II) GO GO STAR FOX RANGERS !
A) L’inspecteur Gadget est parmi nous
Et pour parcourir cette immense galaxie, Fox McCloud ne se servira pas que de son Airwing puisque 3 autres véhicules viendront apporter un peu de piment à votre aventure.
Tout d’abord, il y a la transformation de l’Airwing en Walker, une sorte de poule robotisée, qui vous permettra de marcher dans des endroits confinés tel que l’intérieur d’une base. Pour effectuer cette transformation, il vous suffit simplement d’appuyer sur A et votre vaisseau se transforme instantanément, animation à l’appui. Alors même si l’engin se manie à la manière d’un camion benne pour faire demi-tour, on aperçoit alors un gameplay énergique et dynamique qui répond au quart de tour pour dézinguer les ennemis au sol.
Autre véhicule disponible quelques heures après le début du jeu : le Gyrowing. Une sorte de drone qui peut transporter des objets grâce à son fidèle compagnon Direct-i qui une fois hélitreuillé, vous donne une vue au sol pour désactiver des ennemis ou encore activer des interrupteurs. Celui-ci peut également transporter des bombes à lancer sur les ennemis. Le maniement de ce mini-hélicoptère est plutôt correcteur puisqu’on dirige la hauteur et la direction comme bon nous semble.
Dernier véhicule disponible dans le jeu, le Landmaster, ou pour faire simple : le gros tank qui explose tout. Celui-ci peut envoyer des missiles sur les ennemis et les anéantir en un rien de temps. De par son poids évident, le véhicule est assez lourd à manier et la marge de manœuvre très restreinte d’où l’importance d’anticiper les actions qu’on devra opérer.
Au final, les véhicules apportent un vrai plus au jeu même si un temps d’adaptation sera nécessaire à chacun d’eux autant sur leurs contrôles que sur l’alternance TV/Gamepad.
B) Une prise en main laborieuse mais nécessaire
Qu’on se le dise, le jeu ne va pas vous prendre par la main pour que vous intégriez son maniement même si le tutoriel présent au lancement du jeu vous donnera les bases de l’Airwing.
Au niveau des boutons, il n’y a pas grand-chose à dire : stick gauche pour diriger le vaisseau, stick droit pour accélérer, gérer la caméra ou faire un « BARRELL ROLL », X pour faire un looping, RB pour tirer… Bref pour les boutons tout est opérationnel si vous ne vous mélangez pas les pinceaux. Non, la chose qui va vous demander de nombreuses heures d’adaptation, c’est votre regard sur le Gamepad et le téléviseur. Vous allez devoir alterner entre les deux appareils pour avoir une vue d’ensemble et espérer perdre le moins de vie. Avec ceci, il faut rajouter une difficulté : le gyroscope du Gamepad qui vous permet de viser sur les ennemis. Là aussi, un certain temps d’adaptation devra s’imposer pour maîtriser votre appareil à la perfection.
Le Gamepad est exploité à 100% (qui auraient cru qu’on dirait ça un jour) et offre une maniabilité vraiment intelligente et bien gérée. Un élément qui sera fondamental dans votre immersion dans cet univers galactique.
III) L’expérience au détriment de la beauté physique
A) Hiroshi Yamaguchi au service de l’univers
Vous ne connaissez peut-être pas cet homme mais pourtant il est très important pour donner de la vie dans la galaxie Lylat puisqu’Hiroshi Yamaguchi n’est autre que le compositeur de la musique du jeu (avec d’autres compositeurs). Le monsieur a également travaillé sur les jeux Okami et Bayonetta qui ont été largement reconnus pour leurs bandes sonores de qualité et M. Yamaguchi ne déroge pas à sa réputation.
Que ce soit les envolées lyriques, les moments de tension face à des boss gigantesques, lors des batailles spatiales ou dans l’infiltration d’une base, les musiques sont toujours prenantes et excellentes. Celle-ci contribue réellement à notre immersion et nous donne envie de voir plus du jeu.
Au-delà des musiques, les bruitages sont également très bien maîtrisés sans trop en faire et sans être « piou piou piou » et agaçant, l’équilibrage est présent. De même pour les doublages en français qui sont tout à fait corrects et retranscrivent plutôt bien les références et autres clins d’œil en lien avec la série.
B) Hommage ou relecture de Star Fox 64 ?
C’est la question que l’on peut se poser après avoir terminé le jeu puisque de nombreux détails présents dans Star Fox Zero rappellent évidemment certaines phases de Star Fox 64. Sans parler du Boss Final du jeu qui est calqué (ou presque) sur celui de Star Fox 64, le jeu est à l’évidence une relecture totale de ce que proposait Star Fox 64.
Évidemment, le jeu reprend tout ce qui a donné naissance à Star Fox 64. Que ce soit au niveau de son scénario, sa construction et jusqu’à ses mécaniques, le jeu reprend ce qui a marché sur les consoles 32 bit pour le remettre au goût du jour sur Wii U.
Et c 'est sans doute l'un des points grâce auquel le jeu va rencontrer des joueurs qui soit aimeront cette relecture, soit la bouderont. Bon après, il y a bien sûr ceux qui vont littéralement bâcher le jeu de par sa qualité graphique très limite sans aller plus loin dans celui-ci et ceux qui iront chercher les choses qui font que le jeu est intéressant à jouer.
C) Il n’y a pas que les graphismes dans la vie
Dernière partie de ce test et pas des moindres : les graphismes. Oui, oui, oui… Le jeu est moche, à vomir, même sur Wii il y avait des jeux plus beaux… Bref l’aspect visuel est vraiment horrible à regarder si l’on se concentre sur eux. Après dans le feu de l’action avec notre regard qui change de vue sans arrêt et notre concentration sur les ennemis, on ne s’aperçoit pas que le jeu est un étron total.
En revanche le level-design, certes sommaire, est intéressant dans son ensemble alternant les phases en rail/scroling et les phases où notre vaisseau se déplace librement dans l’environnement proposé. On est certes loin de se croire dans une bataille spatiale à la Star Wars mais on arrive tout de même à rentrer dans l’action.
Les Plus
+ Le gameplay très bien maîtrisé
+ Le Gamepad utilise enfin 100% de ces capacités
+ Une difficulté présente et qui donne du fil à retordre
+ Les véhicules qui exploitent toutes les possibilités
Les Moins
– Le Boss Final décevant
– Pas de mode multijoueur en ligne mais un mode local du pauvre
– Le scénario raz des pâquerettes
Graphismes 8/20
C’est moche
Jouabilité 13/20
Le jeu bénéficie d’une exploitation du Gamepad vraiment aboutie qui contribue grandement à l’expérience de jeu. Il va falloir prendre le temps de l’apprécier et de vous habituer à celui-ci. Les phases en véhicule sont certes un peu laborieuses mais elles ne retirent en rien le charme du jeu.
Durée de vie 14/20
Là-dessus tout dépend de votre manière de jouer. Si vous jouez comme un Dieu vous ferez certainement la première course en quelques heures (3-4h). Par contre, si vous jouez moyennement ou comme une quiche lorraine, le jeu va vous faire passer par plus de niveaux pour que vous preniez de l’expérience. En fonction de vos actions, vous allez pouvoir mettre jusqu’à 7/8h pour terminer le jeu normalement et il va falloir vous accrocher si vous voulez au 100% du titre car la difficulté est présente.
Bande son 18/20
Sur ce point je n’ai absolument rien à reprocher au travail de Hiroshi Yamaguchi et ses équipes qui ont fait un magnifique travail pour donner de la vie au jeu.
Scénario 11/20
On aurait pu espérer une meilleure histoire que ce qu’a pu nous proposer le jeu. Avec l’histoire du méchant scientifique qui veut conquérir le monde, saupoudré par une légère relation amoureuse et la mort d’un protagoniste… On est plus proche d’un scénario pour nanarland que celui de gros blockbusters (même si celui de Star Wars 7 n’est pas foncièrement plus abouti).
Verdict
J’espère que ce test vous a convaincu que si un jeu propose une expérience plus intéressante que ses graphismes, il a tout pour être bon qu’importe les textures vieilles de 10 ans. Le jeu est amusant, prenant, stressant et nous implique directement dans son action au travers de son gameplay abouti et de ses musiques que vos appareils auditifs féliciteront. Certes un mode en ligne n’aurait pas été de trop mais n’en demandons pas plus aux équipes de développement qui ont réalisé une petite prouesse en sortant le dernier jeu notable de la Wii U avant sa mise à mort certaine.