StarFox Adventures est le dernier jeu de Rare à destination d'une console de salon de Nintendo, c'est ainsi. La fin d'une ère vidéoludique confère au soft un parfum unique de nostalgie.
Très longtemps attendu, StarFox Adventures est devenu pour les raisons citées précédemment, mais aussi pour d'autres, un classique de la GameCube.
Un développement interminable
StarFox Adventures sur Nintendo GameCube a d'abord été connu sous le nom Dinosaur Planet. Il est considéré par de nombreux joueurs comme le jeu le plus regretté de la Nintendo 64.
Il était pourtant prêt à être commercialisé, mais la fin de vie prématurée de la console a décidé de son sort...
Fin 1999, les sorties de jeux Nintendo 64 se raréfient, et pendant ce temps Shigeru Miyamoto était en train de travailler sur le successeur de la console noire ; seul le studio Rare pouvait répondre aux attentes. C'est ainsi que trois équipes de Rareware se sont mises au travail pour le développement de 3 jeux : Perfect Dark, Conker's bad Fur Day et Dinosaur Planet
Perfect Dark fut le premier à voir le jour, puis ce fut le tour de Conker, mais... Dinosaur Planet n'est jamais sorti. En effet, la console 64 bits étant en déclin, la venue de trois hits ensemble (Perfect Dark, Conker, The Legend of Zelda : Majora's Mask) était selon Nintendo largement suffisante pour satisfaire la demande !!!!
Pourtant, Dinosaur Planet s'adressait aussi bien aux jeunes qu'aux adultes et était peut-être même le meilleur des trois jeux prévus.
Sa beauté graphique était sans égale grâce à son moteur 3D polyvalent et à l’utilisation l'Expansion Pack, il devançait même Conker en terme de technique et repoussait toutes les limites de la console vieillissante.
Le but du jeu est simple : il s'agit de sauver le monde des forces du mal.
Au cours du jeu qui mélange séquences plates-formes, action 3D et autres phases de réflexe, nos héros Sabre et Krystal vont trouver en la princesse Kyte, un ptérodactyle, et dans le prince Tricky, un tricératops, des alliés de choix.
Rare annonça deux heures de dialogues, cinquante personnages différents.
Le jeu se déroulait avec un cycle jour/nuit, et avec des effets climatiques aussi réalistes que variés (brouillard, orages, neige, pluie, vent, soleil) avec en prime des boss gigantesques ponctuant chaque moment-clé du scénario.
Pour information, Rare avait tellement avancé dans son développement que les développeurs ont rendu téléchargeables des musiques et des vidéos du jeu avant que le projet ne soit arrêté.
Mi-novembre 2000, Dinosaur Planet fut stoppé alors qu'il était à moins de trois semaines de sa sortie et prêt à entrer en phase de duplication.
Shigeru Miyamoto décida de porter le jeu sur Nintendo GameCube pour son lancement et en devient même le co-directeur.
Dinosaur Planet ne sortira jamais sur Nintendo 64, cependant tout était conservé pour la nouvelle version.
En avril 2001, Miyamoto décide d'intégrer l'équipe StarFox dans le jeu, qui fut alors modifié en conséquence afin de prendre en compte ce nouvel élément ; Sabre devient Fox McCloud tandis que Kyte disparaît.
Dinosaur Planet devint officiellement Starfox Adventures durant l'été 2001 (mais garde son nom d'origine en sous-titre pour les versions américaine et japonaise).
Le développement fut plusieurs fois reporté, par souci de perfection, mais c'est début 2002 qu'on apprend que Nintendo - alors actionnaire majoritaire du studio - aurait l'intention de vendre les parts qu'elle détient de cette société.
Le jeu a une nouvelle date de sortie : 2003, cependant dès juin la sortie fut repoussée à août sans plus de précisions.
Le contrat de rachat fut acquis par Microsoft début septembre 2002 mais stipule que Starfox Adventures doit être terminé avant le 31 décembre 2002, quitte à sacrifier d'autres jeux prévus sur GameCube.
Rare décide d'annuler tous les autres développements pour la firme japonaise et c'est ainsi que l'intégralité du studio anglais ainsi qu'une équipe de Nintendo EAD décidèrent de réutiliser les vieux codes et décors de Dinosaur Planet de manière très intensive, le jeu étant prévu aux USA pour le 23 septembre, soit en moins d'un mois après le rachat !
Le jeu sorti non sans mal, il fut le premier et dernier jeu GameCube des génies britanniques, et tout bonnement le dernier jeu développé par Rare sur console de salon Nintendo à ce jour.
On peut remarquer que le développement de Starfox Adventures fut vraiment chaotique voire insoutenable. En Europe les joueurs ont pu l'avoir le 22 novembre 2002.
Un jeu remarquable
Heureusement l'attente ne fut pas veine, les développeurs ont livré l'un des jeux les plus brillants sur GameCube, pourtant en début de vie. On est probablement devant l'un des plus beau jeu en 3D temps réel de la GameCube. Tout est magnifique : les décors, les personnages et les animations, les musiques.
Le travail d'éclairage respire le perfectionnisme : gestion du jour et de la nuit, éclairage dynamique des lampes torches, reflets sur la glace et même sur les plafonds des cavernes enneigées, on en prend plein le faciès quel que soit l'endroit.
Si les décors restent classiques, la maîtrise graphique est elle indéniable, qu'il s'agisse du temple de feu, de vallées verdoyantes ou de pics glacés. Les reflets et mouvements de l'eau figurent quand même parmi les plus beaux jamais vus sur console, et on en vient même à regretter que Fox ne plonge jamais dans les profondeurs pour admirer la faune sous-marine.
Le fur shading, petit artifice graphique qui sert à donner une impression de fourrure, est à la hauteur des espérances, et on a vraiment l'impression de voir des peluches s'animer à l'écran.
Une attention particulière a visiblement été accordée à Fox Mc Cloud, que ce soit dans ses animations ou dans sa palette d'expressions variées, qui rendent le personnage bien plus attachant que dans toutes ses précédentes apparitions.
Bref, pour toutes ces qualités, Star Fox Adventures est certainement l'un des plus beaux jeux disponibles sur GameCube, malgré la concurrence à l'époque de Super Mario Sunshine ou Resident Evil Rebirth dans un autre registre (en 3D pré-calculée il est vrai).
En plus le titre est compatible 16/9e Progressive Scan et Dolby Surround Pro-Logic II, pour le plaisir des oreilles avec un équipement adapté bien sûr. Les musiques ne sont pas forcément celles qu'on aurait voulu, il y a quelques reprises des thèmes des opus précédents, mais la bande-son des jeux de shoots était plus mémorable.
Néanmoins la réalisation sonore en général, avec le doublage très réussi, colle parfaitement à l'action.
L'aventure avec un grand A
Dans Star Fox Adventures, il y a Adventures. C'est-à-dire qu'on ne vous prend pas en traître : ce Star Fox est en quelque sorte un volet hors-série et les phases de shoot 3D à bord de l'Arwing seront réduites à leur plus simple expression.
Pas de planète Corneria à l'horizon, Fox McCloud et son équipe partent aux confins du système solaire de Lylat. Le Général Scales, un vaurien patibulaire et vicieux, fait régner la terreur parmi les dinos de Dinosaur Planet, un peuple pacifique peu habitué à une telle violence.
La jeune renarde bleue Krystal a bien essayé de répondre à l'appel de détresse des dinosaures, mais celle-ci n'a pas su vaincre l'odieux reptile ; Scales l'a finalement emprisonnée dans un cristal ensorcelé, après lui avoir fait perdre son bâton magique. Le général Pepper demande donc à Fox McCloud et son équipage de réunifier Dinosaur Planet, planète qui s'est disloquée et se trouve donc éparpillée en morceaux dans l'espace.
Pour y parvenir, il faudra retrouver les quatre sceaux du pouvoir et réunir les six Esprits Krazoa qui régulent la planète tout en libérant Krystal. Une tâche qui ne fait pas peur à notre renard, accompagné par ses alliés de toujours, Peppy Hare le lapin ingénieux et Slippy Frog la grenouille maladroite.
Seul absent de marque : Falco Lombardi, qui a préféré par orgueil continuer l'aventure en solo, en quête de gloire...
La bande à Fox s'introduit parfaitement dans le scénario, malgré les craintes que certains avaient de voir les personnages servir uniquement de prétexte à justifier la licence dans le titre du jeu.
Aujourd'hui encore ce spin-off de Star Fox reste très apprécié pour son histoire bien plus développée que dans les précédents opus.
Un gampeplay au poil
La jouabilité de Starfox Adventures est une merveille. La manette GameCube est très bien utilisée.
Le gameplay se rapproche d'un jeu Zelda comme par exemple la gestion des sauts automatiques, mais Rare a inclus de très bonnes idées : grâce à une utilisation ingénieuse du stick C, le jeu permet de gérer l'inventaire sans avoir à mettre le jeu en pause pour ouvrir un menu.
Avec un système séparé en trois couleurs distinctes, rouge pour les objets usuels, bleu pour le partenaire et jaune pour la magie, cette interface permet de choisir tranquillement son objet tout en continuant à avancer, ce qui évite de perdre son temps.
Habituellement le stick C permet de gérer la caméra, que les joueurs se rassurent cette dernière est toujours idéalement placée.
Dans StarFox Adventures, il y a souvent de la bagarre, le bouton A sert à utiliser votre arme, X à faire des roulades et R se protéger. L'ennemi est automatiquement verrouillé.
Ces séquences d'action ajoutent du piment à votre aventure, mais sont quand même un poil redondantes, d'autant que les combos sont toujours les mêmes et que vous disposez d'une unique arme.
Outre les phases de shoots à l'instar d'un StarWing ou d'un Lylat Wars sur lesquelles nous allons revenir, les développeurs ont diversifié le gameplay par des phases de courses en motos ou des phases de shoot'em all à bord d'un dino par exemple. C'est bien pensé et cela permet de rompre la possible monotonie des phases d'exploration.
Jamais sans mon bâton et Tricky !
Très rapidement, Fox découvrira ce qui sera la seule arme du jeu : le bâton magique de Krystal. Capable de se rétracter pour tenir dans la main, ce bâton peut à la fois servir d'arme blanche pour latter les sbires de Scales, et de bâton magique pour viser diverses cibles au loin avec des tirs de flamme, ou bien rafraîchir l'atmosphère avec un jet de glace. Il est même possible de pulvériser la terre avec un tremblement ou de s'en servir pour s'élever dans les airs grâce à des interstices.
Le bâton est aussi utile pour soulever d'imposants rochers sous lesquels reposent peut-être des scarabées (la "monnaie" sur Dinosaur Planet), ou bien encore à activer des mécanismes qui serviront à la progression.
Bref, malgré son apparence sobre, ce bâton est un objet riche en surprises, à l'image de sa propriétaire.
Les possibilités magiques et la magie s'acquièrent dans des sortes de sous-sol assez mystérieux (la manette vibre quand Fox est près d'une entrée), cette dernière se récupère également grâce à des petits cristaux qui poussent dans la végétation.
Notre renard de l'espace fera vite la connaissance de Tricky, un jeune dinosaure qui va vous accompagner tout au long de votre quête. Ce dernier peut réaliser diverses actions : allumer un feu, gratter le sol pour découvrir des secrets, rester sur un interrupteur etc.
Ce partenaire particulier va se révéler précieux et apporte un peu de complexité bienvenue dans le gameplay.
Des défauts malgré tout
Le développement laborieux du soft a sans doute participer au fait que le jeu comporte quelques lacunes.
Tout d'abord les scènes de shoot'em up à bord de votre vaisseau sont totalement ratées. Courtes, pénibles et ternes, ça se voit comme le nez au milieu de la figure que ces phases ont été rajoutées à la hâte afin de satisfaire les fans de la première heure, mais sur ce coup là, c'est raté.
Autre défaut, le jeu est en définitive bien plus court qu'annoncé. La durée de vie oscille entre 15 et 20 heures, ce qui est bien en deçà des 100 heures annoncées par Shigeru Miyamoto lui-même. Si au début la progression semble assez lente, tout s'accélère très vite une fois que l'on s'est habitué à la logique du jeu.
Le soft est très linéaire malgré l'impression d'immensité, les ennemis peu variés, et les boss trop rares ! Dommage, mais on sent bien que les équipes ont du se dépêcher pour finir le jeu.
Il n'y a pas de mode de jeu ni de contenu supplémentaire ; on refait l'aventure avec plaisir mais on aurait prolonger l'amusement.
Telle la tournée d'adieu d'un chanteur, StarFox Adventures sonne le glas d'une collaboration fructueuse entre Nintendo et les anglais de Rare.
Le jeu peut laisser un goût amer, car d'une part l'expérience et le savoir-faire de Rare auraient pu aboutir à de grands jeux sur GameCube, ce qui nourrit les regrets, d'autre part, le jeu a quand même divisé les fans de la bande de Fox dont certains préfèrent le style shoot'em up spatial à l'aventure comme un Zelda.
De manière générale le jeu n'aura laissé personne indifférent.
Les Plus
+ Une jouabilité bien pensée et idéale
+ Un réel effort de la part de Rare pour apporter de la variété au gameplay
+ Des personnages attachants, un scénario captivant
Les Moins
– Durée de vie courte, aventure linéaire
– Une seule arme dans tout le jeu
Graphismes 19/20
Sans doute l'élément le plus réussi du soft. Les graphismes et les animations sont sublimes, colorés, variés.
Jouabilité 17/20
Hormis les passages en Arwing, le gameplay général de Starfox Adventures est un savoureux mélange. De plus, la manette GameCube est utilisée de manière intelligente et instinctive.
Durée de vie 14/20
Même si les 20h pour terminer le jeu sont très bien remplies et qu'on ne s'ennuie pas une seconde, on reste sur notre faim en l'absence de contenu supplémentaire.
Bande son 17/20
Les dialogues sont originaux par leur tonalité (les dinosaures ont l'accent anglais !) et leur côté humoristique. Les musiques sont variées et s'adaptent parfaitement à l'ambiance. Pour chipoter, on aurait également aimé entendre quelques thèmes du Space Opera des précédents opus.
Scénario 16/20
Si certains se demanderont la justification de StarFox dans ce jeu, force est de constater que le scénario tient la route, il est bien amené et nous pousse à poursuivre la quête sans perdre en dynamisme.
Verdict
Si on fait fi du fait qu'il s'agisse du dernier jeu de Rare, StarFox Adventures reste une grande aventure, riche et variée. Un des meilleurs jeux GameCube sans hésitation.