Une console Nintendo accueille pour la première fois un jeu de la célèbre saga The Elder Scrolls, plus exactement le 5ème épisode, intitulé Skyrim, considéré par beaucoup comme le plus abouti.
Le jeu est sorti il y déjà six ans sur les consoles d'anciennes générations. Après s'être offert une seconde vie l'année dernière avec une Special Edition sur PS4 et Xbox One, il s'apprête à s'en payer une troisième avec la sortie du titre sur Switch.
Après des portages convaincants comme L.A. Noire ou Rocket League, des moins convaincants comme Doom et Fifa, et des ratés comme Rime, qu'en est-il de Skyrim ?
The Elder Scrolls est avant tout un univers fictif de fantasy imaginé lors du développement du jeu vidéo Arena développé en 1994 par Bethesda SoftWork sur PC. Au fil des années, les jeux vidéos ont formé une série et des livres sont venus enrichir l'univers.
Bien que chaque jeu de la série principale puisse être joué indépendamment des autres, il existe une intrigue filée entre les épisodes.
Chaque épisode de The Elder Scrolls apporte des éléments uniques à la série en termes de style de jeu, entre autres le monde ouvert et le système de progression, et incorpore des références culturelles riches et diversifiées.
La licence est devenue le fer de lance de l'entreprise américaine Bethesda SoftWork, les jeux de rôle ont d'abord été cantonnés aux PC, puis la franchise s'est invitée sur console, Xbox en premier puis Playstation 3.
C'est le tout premier jeu éditeur tiers dévoilé lors de l'annonce de la Nintendo Switch en 2016, The Elder Scrolls V : Skyrim jouable aussi bien dans l'avion que chez soi sur grand écran. Une annonce forte, le soutien de Bethesda en tant que développeur envers une console Nintendo remonte à bien trop longtemps, c'était Home Alone sur NES ! En tant qu'éditeur, la firme sort également Doom et Wolfenstein 2 sur la bécane du plombier. Autant dire que Skyrim est attendu par de nombreux joueurs.
La crainte majeure d'un tel portage c'est que celui-ci soit bâclé, ou soit une sous version, notamment graphiquement (une faiblesse de la Switch). Que les joueurs se rassurent, il n'en est rien.
La réalisation est d'excellente qualité excepté un anti-aliasing un peu trop léger, conséquence directe de quelques concessions techniques nécessaires pour faire tourner un monde ouvert de cette taille sur le hardware limité de la Switch. L'animation est fluide, 30 FPS.
Certes on n'atteint pas la qualité des graphismes des versions PS4 ou Xbox One, mais c'est nettement supérieur à la version 2011 de la PS3 par exemple.
En termes de données techniques, le soft tourne en 720p natif en mode portable et dispose d'un upscale en 900p lorsque la console est placée sur son dock en mode TV.
On peut dénoter qu'il n'y a aucune saccade ni aucun ralentissement, le jeu tourne à 30 images par seconde, sans variation, même durant les combats, ce qui était loin d'être le cas des versions PS3 et XBox 360.
Les temps de chargement sont aussi plus courts que sur les autres plates-formes. Tout ceci nous montre que le hardware de la Switch a vraiment été maîtrisé par Bethesda qui offre aux joueurs une expérience de jeu nomade fort intéressante.
Les développeurs ont malheureusement cru bon de laisser les bugs d'origine (décor qui disparaît, son qui surgit de nulle part, allié PNJ qui reste bloqué derrière un muret, et j'en passe).
Bien sûr on remarquera l'absence de mods qui restent l'apanage des jeux PC. Si vous ne connaissez pas les mods, ce terme désigne les améliorations faites par les joueurs sur un jeu original, voire la conception de nouveaux jeux. Concrètement, les joueurs s'inspirent d'un jeu original pour le peaufiner dans le but d'en améliorer l'expérience ludique ou sociale de la communauté de joueurs.
Pour la plupart des joueurs, cette lacune ne va pas forcément être rédhibitoire, d'autant que, pour compenser, ces derniers auront droit à l'intégralité des DLC scénaristiques sortis jusque-là pour le titre : les vampires de Dawnguard, la construction de sa propre maison dans Hearthfire et la visite de l'île de Solstheim dans Dragonborn, de quoi justifier le prix de vente de cette version et rajouter des dizaines d'heures de contenu à un titre pour lequel est déjà très probable d'en passer plus de cent.
Il n'y a pas de multijoueur, mais Bethesda a toujours privilégié le contenu solo, qui est déjà très conséquent en lui-même, dans ses jeux.
Les personnes qui ont déjà essayé une version Skyrim sur console ne seront pas dépaysées par les contrôles qui sont relativement communs par rapport aux autres plates-formes.
Trois méthodes de prise en main sont disponibles. L'une avec les Joy-Con accrochés sur les côtés de l'écran, idéale pour jouer en mode nomade, l'autre avec la manette Pro de la Switch, parfait pour jouer sur la TV et enfin en mode Joy Con détachés pour profiter des capacités de la reconnaissance de mouvements de la machine.
Concernant les deux premières approches, il n'y a vraiment rien à signaler, la jouabilité est vraiment très agréable et optimisée au support. Par contre en ce qui concerne le gameplay avec les Joy Con tenus en mains, c'est assez différent mais pas dans le bon sens du terme.
Ce n'est pas mauvais, la reconnaissance de mouvements se fait bien pour les armes blanches et le bouclier ainsi que certaines actions en jeu, comme le crochetage des serrures qui en bénéficient aussi. Néanmoins la visée avec l'arc se révèle très imprécise et peu instinctive.
C'est aussi dommage que cette version ne bénéficie pas des dispositions de la Switch en ce qui concerne la navigation dans les menus. Pas de fonctionnalités tactiles alors que la console en bénéficie, ce qui rend un peu fastidieux la gestion imposante de l'inventaire par exemple (obligé de faire défiler les objets un par un avant d'avoir le bon).
Il ne serait pas juste de faire un test sur Skyrim sans parler des musiques. Elle sont grandioses, très appropriées au thème. En ce qui concerne les doublages français, il faudra d'abord les télécharger ! Mais le travail est là encore bien fait, aucun acteur ne surjoue les dialogues.
La dernière particularité de cette version concerne la reconnaissance de certains amiibo. Le titre est compatible avec les amiibo de la série Zelda et Super Smash Bros qui permettent notamment de débloquer des tenues et des équipements de The Legend of Zelda comme la Master Sword, le bouclier Hylien ou encore la tenue du Héros.
La version Switch de Skyrim n'a pas à rougir par rapport aux versions déjà sorties, bien au contraire.
Visuellement attrayant, sans défaut majeur de prise en main, le titre est à découvrir pour ceux qui n'ont pas eu encore la joie de l'essayer, et s'adressent même aux joueurs ayant déjà terminé le jeu sur d'autres supports et voulant refaire l'immense quête en mode portable, véritable valeur ajoutée de la Nintendo Switch.
La cerise sur le gâteau aurait été que le prix de vente soit un tantinet plus bas, car les autres versions sont deux fois moins chères et cela n'incite pas forcément à investir dans la variante Switch, surtout si vous connaissez déjà Skyrim.
Les Plus
+ Beau et fluide
+ Durée de vie gigantesque
Les Moins
– Absence des mods
– Les combats et l'arc aux Joy Cons peu jouables
Graphismes 16/20
C'est sur ce point que le jeu était attendu au tournant. La bonne surprise est que le jeu est plaisant à voir, surtout en mode portable. Parmi les bonnes surprises on peut dire que l'animation est fluide, que les temps de chargement sont raccourcis. En ce qui concerne les mauvaises nouvelles, les bugs vieux de 6 ans sont toujours là.
Jouabilité 16/20
Certes la Switch introduit une nouvelle façon de jouer avec les Joy-Cons dans les mains et le motion gaming, mais ce n'est pas aussi précis et confortable qu'avec des contrôles plus traditionnels.
Durée de vie 18/20
Un point fort du jeu originel, la durée de vie est conséquente. Les joueurs Switch auront également le droit aux DLC déjà sortis. Pas de mod en revanche.
Bande son 18/20
Les compositions s'avèrent hautement immersives, d'autant que les bruitages ne sont pas en reste et que les doublages en français sont dans l'ensemble très corrects.
Scénario 17/20
La trame principale met un peu de temps à démarrer, mais finit par prendre de l'ampleur au fil des heures. Le joueur se plaira surtout à écrire sa propre histoire au travers des nombreuses quêtes annexes.
Verdict
RPG, vaste, propre et captivant, Skyrim est à recommander pour les puristes de Nintendo n'ayant jamais touché à un Elder Scrolls de leur vie. Le portage est de qualité, avec quelques restrictions dues aux capacités de la Switch, mais Bethesda tient son pari en adaptant avec brio son jeu fétiche à la console hybride de Nintendo.