C'est LE jeu indépendant qui a marqué l'année 2014 autant sur Wii U et 3DS que sur PC. Le bougre aura mis du temps à venir jusqu'à nos eShop mais après 4 reports (bien mérités), celui-ci débarque tambour battant et s'il avait la possibilité de parler, il nous dirait : «Je vais botter des culs ! »
I) Une aventure épique au possible
Oui, il nous botterait le cul car si une chose frappe dès le démarrage du jeu c'est le nombre hallucinant de petits clins d’œils aux jeux d’antan sortis sur NES/SNES. Des bruitages stridents qui nous donnent des frissons à la police d'écriture en passant par l'inversion des boutons (B pour valider au lieu de A aujourd'hui), tout est fait pour nous mettre dans les conditions d'un joueur des années 80/90. Après un rapide tour dans les options, où l'on pourra s'émerveiller devant la différence de grandeur des « é » par rapport aux autres lettres, il est temps de créer notre profil. Et après avoir passé une bonne minute sur l'écriture de votre pseudo, la cinématique de début peut commencer.
On nous explique donc brièvement le scénario : la bien-aimée de Shovel Knight, Shield Knight, s'est fait enlever par la démoniaque Enchanteresse et l'Ordre de Pas de quartier. Un scénario des plus banals vous allez me dire mais qu'importe, l'ambiance est toujours présente le tout accompagné de quelques blagues qui nous font sourire dans une ambiance des plus épiques.
Et pas le temps de reprendre son souffle pour notre ami Knight, l'aventure commence pour lui par un triple saut avant dans une plaine que l'on penserait paisible au premier regard. Mais détrompez-vous, les ennemis sont bien là et ce n'est pas parce qu'il s'agit du premier niveau qu'ils vont venir vers vous tout doucement... au contraire, le jeu doit vous faire comprendre que c'est lui qui vous domine et qu'il vous faudra beaucoup d'adresse pour l’apprivoiser. Et s'il y a bien une chose qu'il va falloir s'approprier très rapidement dans le jeu : c'est le gameplay. Si vous ne maîtrisez pas la maniabilité du titre à 100 % d'ici votre première heure de jeu, le reste de l'aventure risque d'être très difficile pour vous car il va falloir recommencer encore et encore les niveaux. D'ailleurs, le jeu ne possède aucun système de vie ou de continue ce qui d'un côté ne frustre pas le joueur et ne casse pas la continuité de la partie mais enlève, d'un autre côté, un peu du challenge que le jeu nous propose. De même il n'y a aucune limite de temps pour terminer les niveaux ce qui, encore une fois, retire un peu plus de challenge. En gros, lorsque vous mourrez dans un niveau, vous perdez un certain pourcentage de votre butin et vous recommencez au dernier point de contrôle passé avec pour priorité de récupérer ce butin qui flotte dans les airs tels des sacs d'or ailés.
Musique à écouter durant la lecture du prochain paragraphe
Une fois le premier niveau franchi, sans trop de difficulté normalement, vous atterrissez dans un petit village à l'ambiance moyenâgeuse comportant ses gardes, ses bardes, ses quelques boutiques et bien entendu, ses habitants à tête de cheval. Dans cette petite bourgade vous pourrez augmenter votre vie en achetant des tickets repas ou encore payer avec votre coquette bourse de la magie en plus. En descendant dans les sous-sol du village, vous trouverez un petit mini-jeu explosif et de quoi renflouer un peu plus votre coffre à objets secondaires contre quelques (milliers) de pièces d'or. Et en vous approchant du barde, vous pourrez le solliciter pour qu'il vous joue la musique de votre choix parmi les partitions que vous récolterez dans les endroits cachés les plus dangereux de chaque niveau de ce monde.
II) Difficile ?! C'est un peu pessimiste...
Mais ne vous inquiétez pas, Yacht Club Games relève le niveau de difficulté à 200 % dès que vous commencez à vous attaquer aux différents antres de l'Ordre de Pas de Quartier. Et c'est là que l'on comprend pourquoi le jeu à une telle réputation « hardcore » à la sauce Super Meat Boy. Tout est absolument prévu pour que vous mourriez à un endroit précis ou que vous vous fassiez toucher à ce moment là. Rien n'est laissé au hasard pour que le joueur se sente dominé du début à la fin du jeu car la mort est pratiquement inévitable au court de la première session. Autant les niveaux demandent de la patience, de la réflexion et beaucoup d'agilité, autant les combats de boss s'apparentent à des énigmes quantiques à la limite de l'indéchiffrable tellement les possibilités d'attaque de votre adversaires sont multiples et imprévisibles. Car s'il y a bien un point qui a été travaillé plus que les autres : c'est l'intelligence artificielle des ennemis faisant de son maximum pour transformer vos victoires soudaines en futurs échecs cuisants. La victoire face à un ennemi des plus redoutables vous fera certainement jubiler, sauter de joie, crier le plus fort possible mais le jeu vous ramènera rapidement à la réalité puisqu'un nouveau défi encore plus ardu devra être relevé.
Parlons maintenant de la bandesonore qui ne fait pas exception au style 8 bits du titre. Celle-ci pourra vous faire penser à celle de Castlevania à certains moments ou à Metroid dans d'autres, mais malgré la sortie des ces mastodontes du jeu-vidéo il y a plus 25 ans maintenant, on se dit que la bande originale de Shovel Knight aurait été plus qu'acceptable dans un jeu de l'époque. Tout d'abord parce qu'elle a sa propre identité en dépit des références assumées du compositeur à ses jeux qu'il devait jouer étant enfant. Que dire de plus à part que chaque musique de ce jeu nous ramène immédiatement à l'époque de la NES et qu'elles sont une jouissance auditive incomparables.
L'une des meilleur musique du jeu avec un niveau dantesque pour l'accompagner
Autre leçon de jeu-vidéo que Yatch Club Games donne à tous les développeurs indépendants : le level design et la construction des niveaux. Les paysages sont variés, les plates-formes parfaitement bien placées pour être atteinte au pixel près, les coffres et autres bonus sont dissimulés pour qu'on ne les trouve pas... bref, tout est fait pour que vous vous acharniez sur ce monstre sanguinaire prêt à dévorer le peu d'espoir qu'il vous reste de l'achever. Et là où un Mario vous aiderait en cas de difficulté, c'est limite si Shovel Knight ne vous enfonce pas encore plus. Exemple frappant avec l'un des derniers niveaux du jeu : un scrolling vertical se déclenche et vous devez monter le plus rapidement possible jusqu'en haut en sautant de plates-formes en plates-formes ou en montant des interminables escaliers pour atteindre le dernier point de contrôle du niveau. Vous mourrez 1 fois, 2 fois, 3 fois, 5 fois. A ce stade, un Mario normalement constitué vous aurait donné un Tanooki doré ou un objet vous facilitant la tâche... Shovel Knight, lui, va rajouter des missiles venant de droite et gauche en produisant des courbes de haut en bas et c'est là où le jeu gagne en jouissance car vous aurez l'impression de jouer votre propre vie sur chaque saut.
Les Plus
+ Une jouissance auditive
+ Une difficulté croissante et qui nous fait jubiler
+ Une IA irréprochable (peut-être trop)
+ Un humour et une ambiance nostalgique incommensurable
Les Moins
– On cherche encore...
– Vous avez une idée ?
– Parce que nous on en a pas
– Donc ne vous étonnez pas de la note plus bas
Graphismes 20/20
Rien à dire là-dessus, Yacht Club Games maîtrise parfaitement son moteur graphique. Il modélise ce qu'il veut quand il veut à la perfection et aucun débordement n'est à déplorer... mis à part ces habitants à tête de cheval.
Jouabilité 19/20
Un seul point noir concernant la jouabilité : lorsque vous avancez et voulez attaquer en l'air, il arrive parfois que Shovel Knight utilise son arme secondaire plutôt que son Epelle puisque pour lancer l'attaque secondaire il faut faire Haut et le bouton d'attaque (Y ou A). Privilégiez donc la croix directionnelle plutôt que le stick même si dans l'ensemble rien d'autre n'est à reprocher.
Durée de vie 20/20
Des niveaux longs, des boss résistants, 15 heures de jeu, 46 partitions à débusquer, 45 exploits à accomplir, une seconde quête encore plus difficile et sûrement beaucoup d'autres choses que je n'ai pas débloqué... Bref, pour 15€ il n'y a pas à tortiller des fesses, Shovel Knight est l'un des meilleurs jeux rapport qualité/prix sur l'eShop et avec le DLC gratuit à venir prochainement, on risque de souffrir encore longtemps !
Bande son 20/20
Encore une note parfaite vous allez me dire, mais quand la qualité est présente autant le signaler. Rien que le thème du jeu vous fera comprendre dans quel univers vous allez être plonger alors foncez acheter le jeu ou la bande originale.
Scénario 20/20
Un jeu de plates-formes avec un scénario, c'est possible ?! Et bien oui : une bonne mise en scène, un retournement de situation à la fin du jeu, une très bonne écriture de texte, des dialogues entre Shovel Knight et les boss drolatiques... Pour un jeu de plates-formes, il n'y a pas à dire, l'écriture est parfaitement soignée.
Verdict
Yacht Club Games signe l'un des jeux les plus ambitieux et aboutis de l'année sur Wii U et 3DS. Toutes les conditions sont réunies pour déclarer que Shovel Knight est, selon moi et donc peut-être pas pour vous, le meilleur jeu de l'année 2014 dans la catégorie jeu de plate-forme. Donkey Kong Country Tropical Freeze est certes incroyable mais face à un jeu qui a dû faire face à des limites techniques imposées et qui est parti de la case financement participatif pour arriver à un jeu avec un contenu aussi riche, le titre de Retro Studio paraît moins impressionnant. Encore bravo Yacht Club Games pour cette œuvre vidéoludique qui restera dans les esprits pour longtemps encore.