Fifa revient sur console de salon de Nintendo, ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Si les autres machines (PlayStation, XBox, PC) n'ont jamais connu de coupure, l'histoire entre EA et Nintendo est inscrite en pointillés.
Devant le succès incontestable de la Switch, il devenait évident pour la firme américaine d'adapter son best seller à la dernière née de Nintendo. Quelles sont les spécificités de cette version ? Voyons ça en détail.
Histoire de remuer le couteau dans la plaie, il faut bien reparler des versions Fifa sur les précédentes consoles de Nintendo. Sur Wii tout d'abord, nous avions eu le droit à des versions « low cost », presque des contrefaçons, aux antipodes des versions concurrentes.
Sur Wii U, il n'y a eu qu'une cuvée de Fifa, la version tristement célèbre de 2013. C'était un portage tronquée de plusieurs modes de jeu et doté de graphismes datés, bref EA avait compris d'emblée le succès de ce titre.
Suite à ça, et du fait que la Wii U soit relayée au second rang, plus aucun Fifa n'est sorti depuis 2012.
Malheureusement il faut croire que l'histoire se répète puisque malgré l'annonce d'un Fifa sur Switch, EA a communiqué que cette version n'intégrerait pas certains modes de jeu et disposerait d'un moteur graphique différent, le syndrome Wii U était de retour !
Commençons d'abord par parler la réalisation :
Il ne s'agit donc pas ici du moteur Frostbite, pas encore au point pour faire tourner Fifa sans le moindre compromis sur la machine. A la place, on a droit à une version custom de l'Ignite Engine, le moteur des anciennes versions, retouché pour un rendu visuel à mi-chemin entre les moutures PS3 / 360 (les interfaces sont d'ailleurs semblables) et celles qui tournaient avant sur les consoles de la génération actuelle.
On peut au moins se réjouir de deux choses : la fluidité de l'ensemble, qui tourne à 60 FPS en match et dans les menus, en 1080p docké et 720p en mode portable. Un souci de finition qui n'a l'air de rien mais qui réduit nettement la latence dans la navigation et même plus généralement sur le terrain, du moins une fois passé l'entrée des deux équipes et les gros plans des ralentis.
Parce que dès que la caméra s'approche un peu, le manque de détails sur les joueurs comme dans les tribunes nous rappelle les concessions sans doute nécessaires pour que tout s'anime sans le moindre accroc. Un rendu artificiel un rien dépouillé mais qui pourra décevoir ceux qui s'attendaient à une version graphiquement léchée.
Si ce n'est pas forcément gênant pour ce type de jeu, on est quand même loin des versions PS4/XBox One, d'un point de vue esthétique, et même si on s'y attendait, cela ne nous permet pas d'apprécier le jeu dans les meilleures conditions.
De toute manière l'important dans un jeu de foot c'est surtout le gameplay. D'un point de vue global, et pour les habitués de la franchise, disons que Fifa 18 sur Switch se rapproche d'un Fifa 16 dans ce domaine.
La gestion des collisions comme le rythme effréné des matchs sont semblables à ce qu'on a connu il y a deux ou trois ans. Le dosage des passes et des centres, le comportement des gardiens, les placements défensifs, tout nous renvoie à l'ancien moteur.
Tout, sauf peut-être les mécaniques de coups de pied arrêtés reprises des éditions Frostbite, avec gestion de la course d'élan sur les pénalties et le curseur sur les corners et les coups francs lointains.
On ne peut pas bouger le long de la ligne de touche pour une remise en jeu, même s'il est possible de déplacer le joueur qui recevra la balle.
Ce retour en arrière signifie également que les remplacements automatisés n'ont pas été intégrés, mais aussi que la défense tactique est un peu plus tolérante sur Switch que sur les autres machines, avec une assistance un peu plus nette pour compenser les interventions un peu maladroites. Tout cela n'empêche évidemment pas le jeu d'être extrêmement punitif, vu que les gardiens font rarement des miracles sur les frappes habituellement efficaces (premier poteau, enroulé, etc.).
Parlons-en des gardiens, ceux-ci sont étrangement passifs (bug ? erreur de programmation ?) mais c'est valable pour toutes les versions, à voir si EA fera un patch correctif sur Switch pour palier à ce problème.
De manière générale si vous êtes un habitué de Fifa, le gameplay un peu alambiqué demandera quelques parties pour reprendre vos marques.
Au niveau des commandes, sur Switch vous avez bien sûr plusieurs façons de jouer. La meilleure reste le contrôleur Pro. En effet cette manette offre un confort indéniable et une maniabilité complète contrairement aux Joy Cons.
La prise en main reste satisfaisante avec un Grip, même si Fifa est un jeu qui sollicite énormément les boutons du dessus, loin d'être le point fort de la Switch.
Enfin avec les Joy Cons (si on joue uniquement avec un seul, à l'horizontal), vous pourrez dire adieu aux gestes techniques, roulettes et passements de jambe, le jeu n'offrant pas de raccourcis pour pallier l'absence de second stick. Deux boutons de tranche en moins, c'est également moins de nuances dans la vitesse de déplacement mais aussi l'absence de frappes enroulées.
Un conseil : mieux vaut avoir une deuxième paire de Joy-Con ou une manette Pro en sus (mais la note finale risque d'être salée).
Le point fort de la version Switch, c'est évidemment que pouvez jouer partout ! Pour les joueurs nomades c'est vraiment un plus !
Néanmoins en mode tablette il faudra réajuster la caméra par défaut dans les menus, car en dépit de la taille de l'écran, les joueurs paraissent vraiment minuscules, ce qui rend également l'appréciation des distances beaucoup plus délicate que sur un téléviseur.
Pour finir, voyons ce qui change en matière de contenus. EA avait prévenu que des modes ne seraient pas intégrés sur ce portage Switch.
En ce qui concerne les équipes, elle y sont toutes, pas de problème, ce qui fait que le joueur a bien le choix.
Par contre au revoir l'aventure scénarisée et son héros Alex Hunter, il faudra s'en remettre à ce bon vieux mode Carrière, heureusement intégré sans trop de concessions, même si les ajouts de la dernière version en date (les transferts interactifs) n'y figurent pas, ce qui ne change pas grand-chose au final.
Précisons à ce stade que Fifa Ultimate Team nécessite une connexion active pour se lancer. De ce côté, le mode est fidèle à ce qu'on a connu la saison passée, avec le Draft, les Défis d'équipe imposés et même l'ajout des Joueurs Icônes (ex-Légendes)
En revanche, les dernières nouveautés des versions Xbox One / PS4, comme les défis quotidiens / hebdomadaires ou les Clashs d'équipe, pour affronter les Onze des autres utilisateurs contrôlés par l'IA, ne figurent pas au programme de cette version Switch.
En ce qui concerne le online, il fonctionne de la même manière que sur les autres consoles du côté des Saisons, mais avec quelques nuances !
On ne peut ni faire de matchs amicaux ni rejoindre des amis en ligne ! L'option "Saisons Locales" existe bien pour synchroniser des matchs en Wi-Fi local chacun sur sa console, toutefois il est impossible de se synchroniser avec ses amis.
Pour défier un autre joueur en ligne, il faudra donc passer par l'option "Disputer Saisons" et sa recherche aléatoire d'adversaires. Pas de "Saison Coop" non plus.
Enfin, et c'est peut-être ce qui vous dissuadera à terme de trop traîner en ligne, le code réseau supporte mal les connexions en Wi-Fi ultra majoritaires sur Switch.
A moins de tomber sur un autre adversaire qui acheté l'adaptateur Ethernet pour jouer dans les meilleures conditions, vous devrez parfois composé avec du lag (ralentissement) et tous les désagréments que cela suppose en terme de confort de jeu. Rien de méchant, mais cela ne va pas redorer le blason de cette version.
Un petit mot sur les musiques et les commentaires, ce sont des paramètres qui restent très subjectifs, tout dépend des goûts de chacun.
Les Plus
+ Enfin un Fifa à emporter partout
+ Du contenu suffisant pour s'amuser
+ Le gameplay au contrôleur Pro
Les Moins
– Des modes de jeux en moins
– Les gardiens mal programmés
– Le gameplay avec un seul Joy Con restreint et pas adapté
Graphismes 14/20
Certes c'est le meilleur Fifa sur consoles mobiles jamais créé, très fluide, mais cela au prix de concessions graphiques (ancien moteur)
Jouabilité 14/20
Très limitée avec un Joy Con. Le joueur optera pour le grip ou le contrôleur Pro sur lesquels la jouabilité sera plus agréable et complète. Le gameplay général est daté.
Durée de vie 13/20
Encore une fois le portage sur Switch s'est fait au détriment de quelques modes : Alex Hunter, amical online, Club Pro en ligne, clashs d'équipes du Fifa Ultimate team. Néanmoins le contenu équipes / joueurs est au rendez-vous, ainsi que le mode carrière, ce qui devrait contenter la plupart des joueurs.
Bande son 13/20
Tout est question de point de vue. Certains n'aimeront pas les commentaires et les musiques, d'autres n'y feront pas attention.
Scénario -/20
Néant
Verdict
Très différentes des versions PS4 et XBox One, tant au niveau réalisation qu'au niveau du gameplay, la version Switch prévaut par son utilisation nomade. Épuré graphiquement pour rester fluide, Fifa 18 reste toutefois inférieur au niveau des sensations de jeux et également de son contenu. Les développeurs avaient prévenu de ces carences, on reste néanmoins dubitatif sur l'intérêt de cette version édulcorée. A voir l'an prochain si EA aura rectifié le tir ou fera de ce millésime, l'unique représentant sur Switch (comme en 2012 sur Wii U).