IPv6 quésaco ?
Pour que nos objets numériques favoris, tel que la Switch, puissent se connecter à Internet, ils ont besoins d'une adresse IP. Depuis la nuit des temps 1980 Internet fonctionne grâce à la version 4 du protocole IP (IPv4). À l'époque il n'était pas pensable qu'Internet allait devenir aussi populaire qu'aujourd'hui. Avec cette version, la limitation à plus de quatre milliards d'adresses IP semblait être largement suffisant. Mais ça c'était sans compter à la démocratisation massive d'Internet, qui a débuté vers la fin des années 90 – début 2000.
C'est dès le début des années 90 qu'un groupe de techniciens réfléchit à une nouvelle version du protocole IP, car ils voyaient déjà que la limitation de l'IPv4 serait problématique dans un futur plus ou moins proche. Et c'est dès 1998 qu'une première version d'IPv6 voit ses spécifications finalisées.
Et ensuite ?
Ensuite ? D'après l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes) l'attribution de la totalité des adresses IPv4 (en Europe et Moyen-orient) est daté provisionnellement pour le 6 décembre 2019. Fin de la partie, après cette date les nouveaux venus ne pourront plus se connecter à Internet en IPv4… Ou pas tout à fait.
Passé cette date les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) devront bidouiller pour continuer à fournir des adresses IPv4 à leurs clients, et c'est même déjà le cas depuis quelques mois (ou années ?) pour certains FAI.
Car oui, il existe plusieurs bidouilles pour dépasser la limitation du nombre d'appareils adressables en IPv4. La première qui a été mise en place assez rapidement était d'attribuer une adresse IP locale à chaque appareil numérique, et pour se connecter à Internet tous ces appareils utilisent une seule et unique adresse IP, qu'on appelle IP publique. Ce mécanisme se nomme Network Address Translation (NAT) pour « traduction d'adresse réseau » en français.
L'autre mécanisme qui va se répandre maintenant à vitesse grand V se nomme Port Address Translation (PAT) ce qui veut dire « traduction d'adresse de port ». Pour faire court, les logiciels qui ont besoin d'accéder à Internet ont besoin d'un port, une sorte de porte d'accès à Internet numéroté, et certains logiciels (ou jeux Switch) utilisent parfois un numéro précis pour se connecter. Et cette technique consiste donc à partager ces ports entre plusieurs clients d'un FAI.
Si j'ai été suffisamment claire, vous devriez avoir deviné le problème qu'ont maintenant les clients des FAI qui utilisent ou utiliseront cette technique, et pour les clients qui possèdent des appareils numériques qui sont utilisables uniquement en IPv4, comme c'est le cas pour la Switch pour le moment.
Et la Switch dans tout ça ?
On arrive donc aux différents soucis que les utilisateurs de Switch vont avoir et ses solutions.
Impossibilité de jouer en ligne
Comme dit précédemment, certains jeux, comme Splatoon 2 par exemple, ne pourront plus fonctionner en ligne si par malchance votre ligne IPv4 n'a pas accès au port utilisé par ce jeu (à cause de l'utilisation de PAT). Donc suivant comment les FAI attribueront les ports entre plusieurs clients, parfois cela fonctionnera et parfois non.
Des joueurs ont déjà ce souci chez Free et SFR, mais pour le moment ces FAI proposent toujours une option permettant de récupérer un fonctionnement normal dans les paramètres de leurs box, mais pendant combien de temps ? Certains joueurs états-uniens se retrouvent déjà avec une connexion uniquement en IPv6 (l'IPv4 devenant une option payante), où il leur est impossible de jouer en ligne avec leur Switch.
Impossibilité de mettre à jour sa Switch
Dans un futur où IPv4 ne sera plus utilisé, ou deviendra une option payante que personne ne voudra payer, les nouveaux acquéreurs d'une Nintendo Switch (d'occasion, car les neuves seront sans doute mises à jour, ou espérons-le) ne pourront tout simplement plus se connecter à Internet avec leur console, et donc la mettre à jour. Car il est certain que Nintendo rendra la Switch compatible en IPv6 via une mise à jour (mais quand ?), mais le cas d'un achat d'occasion restera problématique.
Solutions
La meilleure solution pour résoudre ces soucis (ou futurs soucis), serait que Nintendo propose rapidement une mise à jour de la Switch pour la rendre compatible en IPv6.
Les autres solutions sont clairement destinés aux plus bidouilleurs d'entre nous. Car des solutions techniques il en existe plusieurs, mais celles-ci ne seront probablement pas mises en place dans les box des FAI.
Il faudra par exemple se procurer un routeur capable de gérer du NAT46 / NAT64, ou d'autres technologies permettant de traduire une adresse IPv4 en IPv6. Mais même ces solutions ne suffiront pas si Nintendo ne fait rien, car si on peut bidouiller pour traduire une adresse IPv4 en IPv6 cela sous entend que les serveurs de Nintendo doivent être compatibles en IPv6…
Conclusion
Je vous encourage donc vivement à réclamer à Nintendo une mise à jour pour rendre compatible la Switch en IPv6, sinon jouer en ligne deviendra vite un calvaire.
Source : Arcep